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lunes, 29 de octubre de 2018

El poeta maldito



                                    de Alberto Julián Pérez ©

I

Alucinado voy por Florida,
hijo del ácido y del veneno.

El ácido se llama poesía,
el veneno es la vida.

Toda la poesía cabe en un poema.

Por una Avenida de flores voy,
la poesía me ilumina.

Las flores de carne necesitan carne
porque tienen hambre de vida.

Fruto de esa carne soy
y de su carne me alimento
en esta isla del hambre
donde devoramos y nos devoran.

En esta selva de hermanos
padecemos hambre.

Horror del hambre.

Toda la poesía cabe en un poema.


II


Dios vendrá a buscarnos un día
y nos dará
un bocado de su propia carne.

Entre todos nos comeremos
al hijo del hombre
y luego beberemos su sangre.

Su carne, fruto necesario,
y su sangre, vino nuevo.

Toda la poesía cabe en un poema.


III

Oh ciudad, mi ciudad,
compadécete de tus huérfanos.

Todo pasa por nuestra boca
y nuestro estómago
y luego va a la cloaca del mundo.

Espanto de la carne.

En nuestra vida criminal
quién se acuerda del amor
si no para devorar los besos.

Estamos vivos contra los otros
y toda la poesía cabe en un poema.

Por aquí no se llega al Paraíso,
ésta es una Avenida del Infierno.


             
                         Publicado en Revista Renacentista. 29.10. 2018. Web


viernes, 19 de octubre de 2018

Les maudits


                                                    Alberto Julián Pérez ©
                                                                                                                  
                       
                                                I

Je vis plongé dans la riche et séductrice
baroque décadence qui m’enlace ;
prisonnier du temps, comme tous,
je profite comme je peux
de ce qui m’est donné.
Bénéficiaires nous sommes et débiteurs
de cette pluie généreuse d'étoiles.

De ma ferme terre je suis le fruit.
Comment ne pas la remercier, mon agonisante
et belle patrie bien-aimée, si ma muse dor
est la fille de son don exquis.
Parce que ma terre est poète.

Vous et moi partageons la même 
culture malade. Nous tente,
avec ses promesses, l’espoir infernal.
Tirez, si vous le pouvez, mes amis,
vos conclusions. Les choses
vont si bien que nous ne dormons pas.


Écoutez mon chant charnel et intéressé,
anti-chant aussi, métissé de voix diverses,
fils de la rue, qui se réfugie où il peut :
je viens du peuple et l’homme vit de pain.
De ce coté, nous, les déchus, combattons.
Bien que je ne demande pas beaucoup,
du plaisir, il en faut. 

Une aventure picaresque m'attend ce soir
(c’est ainsi que nous vénérons l'amour,
nous, le peuple).
Je vais me glisser dans un lit de mousse
avec la femme que je désire le plus,
le corps bien armé et positif.
Je demanderai de l'aide à mon âme pervertie :
mon art poétique a besoin de frénésie.

Je nagerai lentement sur ses courbes dorées
en buvant ses doux parfums pénétrants ;
je chevaucherai, agile, entre ses jambes divines
cherchant dans sa jouissance mon centre;
je parcourrai, tour en feu, avec passion, son corps,
temple profane des amours interdits;
je descendrai dans son nid abrité
qui, chaud et assoiffé, cherche mes baisers;
possessif, je caresserai ses cuisses impétueuses
avec un obscène, voluptueux délice;
je vénérerai ses fesses sculptées de vampiresse
et élèverai une ode sublime à son cul,
soleil de notre drapeau. L'Argentine
vivra dans son corps sculpté et magnifique.
Le savoir faire de ma déesse,
sera un excellent exemple
de la perfection sensuelle de notre peuple.

Plus tard, moi, poète,
je reposerai ma tête céleste
hallucinée sur ses doux seins blancs
d'Hétaire. Enlacé, satisfait, à son être fatigué,
je la payerai richement pour tant de plaisir reçu.
Et je lui offrirai, reconnaissant, pour quelle
s’y contemple et  se souvienne de moi
un délicieux bouquet de rimes décadentes.

Je ne suis pas et je ne serai jamais
le centre présomptueux.
Satellite de l'orbe féminin, je m’y consacre,
amoureux de sa lumière et de son trou noir.
Je découvre, extasié, tant de beaux vers,
dans les plis irrévérencieux
de leurs corps tatoués. Elles me gâtent,
je n'arrête pas de boire leurs flux stellaires.
           
                             II
Nous devons lutter pour notre art.
Nous n'habitons pas, nous le savons,
une époque sincère.
Nous héritons des rêves bannis
des vieux automnes délirants.
Nous vivons et tombons, héroïques,
pour nos passions. 

Mon vers lyrique-antilyrique, vulgaire et raffiné,
essaie d'être un dialogue agile et fervent
qui avance sans cesse; s’ouvre, généreux,
et enlace et bénit la matière impure.
Il cherche à vaincre l'ombre menaçante
de la voix creuse idéalisée, qui, malicieusement,
attend, et dans un miroir, se regarde, amoureuse
delle, et confond son écho avec le monde. 

Je ne veux pas être un chanteur guindé
d'opérette lyrique, faux génie d'airs mélodieux,
vain orateur de prétendue grandeur.
Je préfère me voir en autrui, déformé,
(cet autre sera mon cher compagnon),
et sentir que je suis un poète, grotesque,
enchaîné aux aléas du hasard,
artisan laborieux. 

Nous sommes entourés de fausses apparences.
Tout ce que j'ai dans la vie, je l'ai gagné.
Avec patience je modèle mes désirs illustrés
qui, forts, s’élèvent, sculptures du temps,
et sont la source sonore de mon chant baroque.

Je suis fier de mes œuvres cultivées.
Voici ma plume incisive, en plaqué or,
voyez comme elle brille.
Je l'ai achetée sur le marché.
Aiguille démocratique de notre nouvelle époque.
Bienheureux 21ème siècle, avec quelle impatience
nous, les maudits, t’attendions! Ensemble
nous allons coudre tous les côtés. 

J’habite dans le royaume de la littérature,
mais tout n’est pas rose. Nous le savons bien.
J'ai appris à lutter contre le lyrisme
parce que le chant a besoin de son anti-chant
pour que la poésie vive en harmonie
(Darío me l’a enseigné. Tout ce
qu'il aimait, il l'a détruit par la suite,
fondant notre vraie poésie).

Je préfère l'amour plébéien à l’hymen opulent : 
chez le peuple se trouve l’être véritable. 
Je rends hommage seulement 
au sexe pur, qui s'exprime 
dans la fécondité charnelle des idées. 
Pour ce que nous faisons, Dieu nous reconnaît. 
Mes travaux avec lui communient et s'enlacent, 
ils ont besoin de sa générosité et de la vôtre.
 


                        III

Le but de notre monde n'est pas clair.
Nous doutons de tout, et à juste titre.
Libres, nous croyons être, devant Erato et sa lyre.
Frères désespérés et agonisants nous sommes,
prêts à naviguer sur tous les chaos.
Charles Baudelaire est le gourou moderne,
avec lui nous avons appris à entrer en enfer.

Notre malédiction demande sa propre vérité.
Le chemin du moi est semé d'épines.

Angoissant est le retard des heures
qui nous parviennent, silencieuses, des lendemains.

Sans labourer en mer, nous n'aurons pas de destin.
Étant déjà des étoiles, nous cherchons l'univers.

Que les métaphores s'ouvrent à l'infini.
Nous avons besoin de sentir
que nous sommes en vie.


                   Traduction de Charlotte Coing
                                     avec l´auteur





Los malditos
                        de Alberto Julián Pérez

                                    I

Inmerso vivo en la rica y seductora
barroca decadencia que me abraza;
prisionero del tiempo, como todos,
gozo lo que puedo aquello que me toca.
Beneficiarios somos y deudores
de esta lluvia generosa de estrellas.

De mi rotunda tierra soy fruto.
Cómo no agradecer a esta, mi agónica
y bella patria amada, si mi musa dorada
es hija de su don exquisito.
Porque mi tierra es poeta.

Uds. y yo compartimos la misma
cultura enferma. Nos tienta,
con sus promesas, la infernal esperanza.
Saquen, si pueden, amigos,
sus conclusiones. Las cosas
van tan bien que no dormimos.

Escuchen mi canto carnal e interesado,
anticanto también, mestizado de voces diversas,
chico de la calle que se refugia donde puede:
del pueblo soy, y de pan vive el hombre.
De este lado luchamos los caídos.
Aunque mucho no pido, el placer hace falta.

Me aguarda esta noche una pícara aventura
(así reverenciamos el amor los plebeyos).
Voy a deslizarme en lecho de espuma
con la mujer que más deseo,
bien armado y positivo mi cuerpo.
Le pediré ayuda a mi alma pervertida:
mi arte poética necesita el desenfreno.

Nadaré lentamente por sus doradas curvas
bebiendo sus dulces perfumes penetrantes;
cabalgaré ágil entre sus divinas piernas
buscando en su goce el centro de mí mismo;
recorreré, torre encendida, con pasión su cuerpo,
templo profano de amores prohibidos;
descenderé hasta su resguardado nido
que, acalorado y sediento, busca mis besos;
posesivo, acariciaré sus muslos impetuosos
con obsceno, voluptuoso, deleite;
reverenciaré sus esculpidas nalgas de vampiresa
y elevaré una oda sublime a su culo,
sol de nuestra bandera. Argentina vivirá
en su torneado y bello cuerpo. El sexo
caliente de mi diosa, será ejemplo señero
de la perfección sensual de nuestra criolla gente.

s tarde, yo, poeta, descansaré mi celeste cabeza
alucinada sobre sus suaves y blancos pechos
de Hetaíra. Abrazado, satisfecho, a su ser fatigado,
le pagaré ricamente por tanto placer recibido.
Y le brindaré, agradecido, para que se contemple
y me recuerde, un delicioso bouquet
de rimas decadentes.

No soy ni seré nunca el presumido centro.
Satélite del orbe femenino me consagro,
prendado de su luz y negro agujero.
Descubro, extasiado, tantos versos hermosos,
en los pliegues irreverentes
de sus tatuados cuerpos. Consentido por ellas,
no dejo de beber sus flujos estelares.

                                    II

Luchar debemos por nuestro arte amado.
No habitamos, lo sabemos, en una edad sincera.
Heredamos sueños desterrados
de antiguos otoños delirantes.
Vivimos y caemos, heroicos, por nuestras pasiones.

Mi verso lírico-antilírico, vulgar y refinado,
procura ser un diálogo ágil y ferviente
que avanza sin cesar; se abre, generoso,
y abraza y bendice a la materia impura. 
Busca vencer a la sombra amenazante
de la ahuecada voz idealizada, que, maliciosa,
espera, y en espejo se mira, de sí misma
enamorada, y confunde su eco con el mundo.

No quiero ser engolado cantor
de lírica opereta, genio fingido
de arias melodiosas, vanidoso altavoz
de pretendida grandeza. 
Prefiero verme en el otro, deformado,
(ese otro será un querido compañero),
y sentir que un poeta soy, grotesco,
atado a los imprevistos de la suerte,
laborioso artesano.

Cercados estamos de falsas apariencias.
Todo lo que tengo en la vida lo he ganado.
Con paciencia modelo mis ilustrados deseos
que, fuertes, se levantan, esculturas de tiempo,
y son la sonada fuente de mi barroco canto.
Orgulloso estoy de mis cultos trabajos.
Vean esta mi incisiva pluma, de falso oro,
cómo brilla. La he comprado en el mercado.
Democrática aguja de nuestra nueva época.
Dichoso siglo XXI, con cuánta ilusión
los malditos te esperábamos. Juntos
coseremos todos los costados.

En el reino de la literatura vivo,
pero no todas son flores. Bien lo sabemos.
Yo he aprendido a luchar contra el lirismo
porque el canto necesita su anticanto
para que la poesía viva en armonía
(esto lo he tomado de Darío,
que todo lo que adoró, destruyó luego,
fundando nuestra verdadera poesía).

Prefiero amor villano a opulento himeneo,
en el pueblo está el ser verdadero.
Pleitesía no rindo excepto al puro sexo,
que se expresa en la fecundidad carnal
de las ideas. Por lo que hacemos, Dios,
nos reconoce. Mis obras con él comulgan,
y se abrazan, necesitadas
de su generosidad y la de Uds.

                                                III

El propósito de nuestro mundo no está claro.
Ante todo dudamos, y con razón.
Libres nos sentimos frente a Erató y su lira.
Agónicos hermanos desesperados
somos, listos a navegar todos los caos.
Charles Baudelaire es el gurú moderno,
con él aprendimos a entrar en el Infierno.

Nuestra maldición pide su propia verdad.
El camino del yo está sembrado de espinas.

Angustiosa es la tardanza de las horas
que nos llegan, silenciosas, del mañana.

Sin arar en el mar no tendremos destino.
Siendo ya las estrellas, buscamos el universo.

Qué se abran las metáforas al infinito.
Necesitamos sentir que estamos vivos.